Enfin, les dirigeants des grands réseaux bancaires ont apprécié leur rencontre avec le chef d’État à l’Élysée. Ils ont souligné en effet que les nouvelles contraintes qui pèsent sur les banques limitent leur capacité à financer l’économie.
Cette rencontre des patrons du secteur bancaire avec président de la République François Hollande a eu lieu vendredi dernier dans l’après-midi. La loi de séparation et de régulation des activités bancaires définitivement adoptée par le Parlement depuis jeudi dernier, la rencontre du lendemain, entre le chef d’État et les membres du comité exécutif de la Fédération Bancaire Française (FBF) marque une nouvelle étape coopérative, entre le secteur bancaire et François Hollande. La rencontre a duré une heure, et « s’est très bien passé », les échanges « ont été très constructifs » a déclaré l’un des représentants du secteur bancaire.
Prêter davantage pour le financement de l’économie
Dans les heures qui ont suivi la rencontre, Bercy a annoncé la décision de rendre aux banques 30 milliards d’euros de la collecte d’épargne réglementée centralisée à la Caisse des Dépôts, comme le Livret A ou le LDD, afin de financer davantage l’économie, en prêtant principalement aux PME. Le ministre des finances Pierre Moscovici a assuré que « ces ressources permettront aux banques de prêter davantage pour le financement de l’économie, principalement au bénéfice des petites et moyennes entreprises…
En contrepartie, les établissements bancaires baisseront leur taux de commission de 0,5 à 0,4%, afin de réduire le coût de la ressource du fonds d’épargne au profit notamment du financement du logement social ». Mais l’exécutif pourrait aller encore plus loin. En effet, cette réforme entrera en vigueur le 31 juillet prochain, et un bilan de cette mesure serait prévu à l’automne. Si la production de crédits aux PME a repris d’ici là un rythme dynamique, les établissements bancaires pourraient obtenir 20 milliards d’euros supplémentaires d’épargne réglementée.
Financer l’économie française à hauteur de ses besoins
Le président de la République est bien conscient que le secteur bancaire est l’indispensable pour conforter la reprise économique. François Hollande a convié le directeur général du Crédit Agricole et président de la FBF Jean-Paul Chifflet, le directeur général de BNP Paribas Jean-Laurent Bonnafé, le président du Crédit Mutuel-CIC Michel Lucas, le président du directoire de BPCE François Pérol, le directeur général délégué de la Société Générale Séverin Cabannes, qui remplaçait son PDG Frédéric Oudéa, et le président du directoire de la Banque Postale Philippe Wahl, afin de s’assurer que leurs établissements soient bien prêts à financer l’économie à hauteur de ses besoins.
Des réformes limitent les marges de manœuvre des banques
Les banques ont souligné que leurs encours de crédit n’avaient cessé de progresser. Mais cette rencontre était surtout pour eux, l’occasion de reprendre la main sur leur destin. En effet, ils estiment que les réformes prudentielles, réglementaires et fiscales variées, dont ils ont fait les frais ces derniers mois, limitent considérablement leurs marges de manœuvre. Ils suggèrent donc qu’il faut mettre un terme à ce « bank bashing », afin que « les banques puissent faire ce qu’elles ont envie de faire et qui est leur métier : l’économie ».
« Cela est vital pour notre pays, pour l’emploi et pour la croissance », insiste Jean-Paul Chifflet, à la sortie de l’entretien avec le chef d’Etat. Pour le moment, les encours de crédits aux PME stagnent, et diminuaient même pour les entreprises de taille intermédiaire le mois dernier. Mais si ces dernières retrouvent leur appétit d’investissements, les banques assurent que leurs contraintes seront trop fortes pour qu’elles puissent honorer toutes les demandes de crédit. Mais François Hollande semble prêt à tendre la main aux banques…